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Photo du rédacteurRatatouille

Le mystère d'Archimède de Syracuse

Bonjour!


Aujourd'hui, je vais vous proposer une petite histoire, l'histoire d'une énigme vieille de plus de deux mille ans. C'est une histoire vraie de bout en bout... Bonne lecture!


Nous sommes le 28 mars de l’année 1900. Deux caïques de pêcheurs d’éponge grecs, l’Euterpe et la Calliope, partent vers l’Afrique du nord. Après quelques jours de navigation, une tempête fait rage à l’horizon. Les pêcheurs décident de trouver refuge sur l’île d’Anticythère, au sud de la côte grecque. Ils accostent au nord est de cette petite île déserte, et se reposent en guettant la fin de la tempête. Elias, l’un des marins, décide lors d’une accalmie d’enfiler un scaphandre pieds-lourds pour voir s’il peut pécher quelques éponges.


A cette époque, il fallait du courage pour plonger en scaphandre car une fois sur cinq, le pécheur ne remontait pas[1]. Le reste du temps, il risquait la paralysie, c’est pourquoi les pêcheurs appelaient entre eux le scaphandre « le minotaure des profondeurs ». Mais Elias a du cran. Il enfile sa combinaison, chausse ses semelles de plomb, attache sa ceinture lestée et demande à Abercius, son équipier, de lui mettre son casque et de veiller à actionner la manivelle qui envoie l’air dans le scaphandre. Une fois revêtu du minotaure qui pèse près de 100 kilos, il descend lentement avec une corde, dans les profondeurs abyssales de la mer.


Elias est un plongeur aguerri, il est capable de descendre plus bas que la plupart de ses camarades. Il dépasse donc les 50 mètres, et continue à descendre. 55 mètres… 60 mètres… 63 mètres… ça y est, il touche le fond. Sur le bateau, le marin qui est chargé de la sécurité d’Elias tient fermement la corde. Il guette le moindre soubresaut, au cas où Elias a un problème. A cette profondeur, il est formellement interdit de s’éterniser, la plongée est donc minutieusement chronométrée. Soudain, la corde s’agite dans tous les sens, de façon désordonnée. Le marin pousse un cri. Que s’est-il passé ? Une attaque de requin ? Plusieurs matelots accourent pour l’aider à tirer la corde. La poulie grince, l’eau remue et des bulles apparaissent à la surface. Puis le sommet du minotaure apparait. Elias est remonté à bord. Il a l’air très agité et bouge ses bras dans tous les sens. On lui retire avec difficulté son casque.


« Des hommes ! J’ai vu des hommes en bas, et des chevaux ! » Abercius, accouru a son côté, prend son visage dans ses mains. « Elias, tout va bien ? Qu’est-ce que tu racontes ? » 


« - Des hommes, je te dis ! Hauts de trois mètres, ils me regardaient… J’ai eu la peur de ma vie ! » Les regards consternés des marins se croisent, et tous pensent la même chose : le mal des profondeurs a atteint leur meilleur matelot. Abercius se tourne à nouveau vers son ami, et cherche à l’apaiser. Mais Elias, au comble de l’exaspération, agite violemment les mains devant lui et crie « Je ne suis pas fou, regarde ! » et lâche sur le pont un objet qui produit un bruit sourd. Une main ! Une main plus grande que nature, en bronze !


Rentrés au port, les marins préviennent les autorités grecques de leur trouvaille. Immédiatement, le gouvernement grec déploie sa marine de guerre pour sécuriser la zone, et engage des fouilles archéologiques. Peu à peu, ils découvrent un navire gigantesque au fond de l’eau, le plus grand jamais découvert : 50 mètres de long, et plus de 300 tonnes de capacité. Selon les archéologues, il s’agit d’un navire romain de l’ancien monde acheminant une cargaison de trésors grecs de la côte ouest de l’Asie mineure vers Rome, qui aurait percuté en 60 avant Jésus-Christ les falaises de l’île d’Anticythère lors d’une tempête, et aurait sombré corps et biens dans les abysses.


Parmi les statues, les bijoux et les pièces de monnaie, une étrange petite boîte a été remontée à la surface. Grande comme un livre, elle semble constituée d’engrenages et de codes gravés dans le bronze. Pour comprendre son fonctionnement sans abîmer cette machine vieille de plus de 20 siècles et lourde de quelques grammes, il a fallu construire une autre machine, celle-ci de plus de 8 tonnes. Et ce que l’on a découvert est stupéfiant.


Cette machine date de 200 ans avant Jésus-Christ, c’est le plus vieux mécanisme à engrenages connu. Elle aurait été fabriquée par Archimède de Syracuse lui-même ! Elle semble avoir été mise en service pour la première fois le 23 décembre 178 avant Jésus-Christ.


Pourquoi une date aussi précise, me direz-vous ? Et bien le 23 décembre 178 av JC, il s’est passé quelque chose d’unique et de splendide dans le ciel : un anneau de feu. L’anneau de feu survient lorsque la lune se place exactement entre le soleil et la terre, mais qu’elle ne couvre pas la totalité du soleil. On voit alors apparaître un anneau de feu, perlé par les cratères et les monts lunaires.


Quand un savant tournait une manivelle sur cette petite machine, une aiguille se déplaçait sur un calendrier et indiquait le jour où avaient lieux des événements extraordinaires tels que celui-ci.


Qui osera prétendre après cela que l'histoire des hommes n'est pas passionnante?


[1] Sans compter le risque de tempête ou les requins menaçant les plongeurs, les sociétés de fabrication des scaphandres pieds-lourds n’étaient pas familières des conséquences de l’exposition de l’organisme à un milieu hyperbare (saturation des tissus par l’azote, entraînant la paralysie ou la mort). Des villages entiers de pécheurs ont tenté d’interdire l’utilisation des scaphandres pour la pêche en détruisant tous les exemplaires qu’ils pouvaient trouver, mais ça n’a pas suffi.

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