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Le premier couple béatifié de l'histoire

Bonjour!


Aujourd'hui, l'article est un peu long. En fait il a la même forme que l'article sursum corda sur Eloi Leclerc: il s'agit d'une conférence, que j'ai lue le 22 janvier 2022 à Orléans, à l'occasion d'une retraite de couple. Installez vous, ça commence...


"Pour commencer

En 1980, Jean Paul II est venu à Paris et il s’est adressé aux français. Voici un extrait de son discours :


« Vous valez ce que vaut votre cœur. Toute l'histoire de l'humanité est l'histoire du besoin d'aimer et d'être aimé. […]

Il importe, en ce domaine, de voir clair. […] Faire place au cœur dans la construction harmonieuse de votre personnalité n'a rien à voir avec la sensiblerie ni même la sentimentalité. Le cœur, c'est l'ouverture de tout l'être à l'existence des autres, la capacité de les deviner, de les comprendre.

[…] Jeunes de France, levez plus souvent les yeux vers Jésus-Christ! Il est l’Homme qui a le plus aimé, et le plus consciemment, le plus volontairement, le plus gratuitement! Méditez le testament du Christ: “Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime”. Contemplez l’Homme-Dieu, l’homme au cœur transpercé! N’ayez pas peur! Jésus n’est pas venu condamner l’amour mais libérer l’amour de ses équivoques et de ses contrefaçons.»[1]


Aujourd’hui, nous allons parler d’amour. Mais vous l’aurez compris - le message de Jean-Paul II est très clair - nous n’allons pas parler de l’amour avec un petit « a ». Nous allons parler de l’Amour avec un grand « A », le maxi best of plus de l’amour : l’amour des époux, débridé par la grâce du sacrement de mariage.


Dans le domaine du mariage, c’est toujours bon de s’inspirer d’exemples solides, à travers les couples béatifiés par exemple: ça évite d’enfermer le mariage dans une romance à l’eau de rose. Retrouvons donc saint Jean-Paul II, et remontons le temps : vingt et un ans après le discours que vous venez d’entendre, le pape béatifiait conjointement pour la première fois dans l’histoire un couple marié : Maria et Luigi Beltrame Quattrocchi.


Maria et Luigi sont un excellent exemple à prendre, parce que suivant les critères du monde, ils n’ont rien fait de réellement exceptionnel. Le pape dira de ce couple qu’ils ont su vivre des choses ordinaires d’une façon extraordinaire[2]. On peut donc s’identifier plus facilement à eux, ça donne moins la pression.


Luigi et Maria Beltrame se sont mariés à Rome le 25 novembre 1905. Lui est avocat et elle est mère au foyer. Couple engagé socialement dans diverses associations, ils font passer l’éducation de leurs quatre enfants avant le reste. En fait, le principal à retenir c’est leur fidélité à Dieu, qu’ils ont gardé tout au long de leur vie.


Je vous propose de découvrir la vie de ce couple en deux étapes : tout d’abord, nous allons survoler les moments forts de leur mariage et les leçons que nous pouvons en tirer dans nos vies conjugales. Ensuite, on va se pencher sur le mérite particulier des Beltrame, en observant comment ils ont exercé les vertus.


Les moments forts de la vie des Beltrame

Pour bien suivre la vie de ce couple il faut d’abord connaitre un peu le profil de chacun des époux. Commençons par Maria.


Le caractère de Maria

Fille unique, Maria est née en 1884 à Florence. Sensible et volontaire, elle a une bonne mémoire et montre une grande curiosité pour ce qui l’entoure. Mue par le désir de comprendre les choses, elle s’ouvre rapidement à la foi de ses parents. Pour elle la Vérité est au-dessus de tout ; elle s’y soumet avec ferveur, sans s’épargner mais du coup il arrive que la charité ou la miséricorde passent en second plan. En fait elle n’épargne pas non plus les autres, et peut se montrer sévère, autoritaire, et dans quelques rares cas agressive. En un mot, elle est passionnée. Pour vous faire une idée c’est le caractère de saint Paul. C’est un pilier, aussi dur et fiable qu’un roc, déterminé à atteindre le paradis avec les siens quoiqu’il en coûte.


Tout au long de sa vie, Maria va développer une sorte d’apostolat de la plume, en écrivant plus de 2000 pages sur l’éducation des enfants. On retrouve dans ses écrits sa détermination à mener chacun à Dieu. Maria ne transige pas avec le péché ou la médiocrité, et sa rigueur la conduit à briser notamment le tabou de l’éducation affective, en incitant les parents à aborder franchement ce sujet avec leurs enfants, ce qui est très novateur à l’époque. Plus tard Maria sera, avec Luigi, parmi les premiers à lancer des formations pour les fiancés à un moment où l’exigence de la préparation au mariage n’était pas du tout ressentie.


Le caractère de Luigi

Luigi Beltrame nait en 1880 en Sicile, c’est le troisième enfant de ses parents. Il ajoutera au nom de son père celui de son oncle Quattrocchi qui, ne pouvant avoir d'enfants, l'adoptera quand il aura 8 ans. Plutôt émotif, la réalité le blesse et il a tendance à se rabattre sur un idéal de perfection abstraite afin de se protéger. Sa vulnérabilité le rend méfiant et un peu sceptique vis-à-vis du monde, mais elle le sensibilise aussi aux plus fragiles, aux pauvres pour qui il aura toujours une attention particulière. Sa principale tentation est le découragement, il a besoin d’être rassuré par la présence d’un être fort et résolu. Maria sera cette perle rare, elle lui permettra de laisser derrière lui son bouclier de scepticisme et de déployer une très belle simplicité, même s’il conservera son petit côté râleur. En un mot, il est sentimental.


Entre 1902 et 1904, la mère biologique et les parents adoptifs de Luigi décèdent, lui laissant une part importante de l'héritage familial. Mais ses frères, ses sœurs et ses cousins exigent qu’il leur en donne une partie. Luigi fait en sorte de contenter chacun, tout en préservant une légitime portion pour lui-même. Toutefois, la véhémence de ses frères et d'un cousin dans cette affaire compliquée le fait beaucoup souffrir, au point qu'il finit par en tomber gravement malade en 1904. C’est lors de cette maladie que nos deux tourtereaux, dont les familles se côtoyaient déjà, tombent réellement amoureux.


L’exaltation sentimentale des fiançailles (1905)

Vous l'aurez compris, avec de pareils romantiques il va y avoir du feu. A cette époque, Luigi commence sa carrière d’avocat, métier qui le passionne. Avant d’entrer dans le corps des avocats d’état, son travail impliquait déjà beaucoup de déplacements professionnels, d’où l’important échange de lettres entre Luigi et Maria à cette époque. Ces missives sont pleines de fougue, à tel point que les amoureux passent souvent de l'Italien à l'anglais pour mieux exprimer la fougue de leur désir. Dialoguer en langue étrangère est un réflexe de pudeur aussi bien pour l'autre que pour soi-même. C’est la vie en rose, quoi.


Mais dès cette période, Maria prend les choses en main. Son objectif qu'elle ne cache pas à Luigi est de l'enraciner dans la foi, car il était peu pratiquant avant de la rencontrer. Elle semble avoir une vision très nette de la famille qu'ils s'apprêtent à fonder, et ne veut pas que le couple se trompe de priorité: "Dieu premier servi !" Ainsi, on peut lire dans une lettre que Maria envoie à Luigi le 15 août 1905 :


« Es-tu allé à la messe, aujourd'hui? Je serais si heureuse que tu y sois allé! Mais tu crois, non? Est-ce que tu pries parfois avec une foi sincère? [...] Lorsque nous serons unis dans l'amour dans notre vie, je te ferai grandir dans la foi et tu devras participer à celle, forte et sublime, dont le Seigneur m'a gratifiée jusqu'à maintenant; et il devra être mêlé à notre amour qui est bien digne d'une telle compagnie. »[3]


De son côté, Luigi accueille à bras ouverts les élans maternels que Maria déploie à son égard. Après la perte de sa mère naturelle et sa mère adoptive, il semble soulagé de trouver en Maria de telles dispositions maternelles. Même quand il a du mal avec sa belle-mère, il finit par accepter les conseils de Maria et retrouve la docilité qui le caractérise si bien. Dès cette époque de leur vie il voue à Maria une véritable adoration. C'est par amour pour elle qu'il s'ouvre à Dieu.


En fait, le lien entre Maria et Luigi à cette époque semble correspondre à ce que décrit Denis Sonet dans son livre réussir notre couple:


« Certaines femmes ne sont que charnelles, elles déçoivent! D'autres sont dignes et méprisent le charnel. Elles déçoivent aussi. Le mari attend en effet que sa femme soit, au foyer, […] dépositaire des valeurs spirituelles et morales qu'il ne possède peut-être pas lui-même. On pourrait dire que si la femme aimante a de l'admiration pour l'homme, l'homme, lui, aurait plutôt de l'adoration pour l'aimée, car il transpose sur elle quelque chose de la vénération sacrée qu'il avait pour sa mère... et place alors sa femme très haut, sur un piédestal. »[4]


La naissance de la famille (1906)

Après leur mariage le 25 novembre 1905, les époux s'installent chez les parents et les grands-parents de Maria. Comme on peut l'imaginer ce n'est pas évident, d'autant que les déplacements professionnels de Luigi se poursuivent.


La première grossesse de Maria est une énorme épreuve de lâcher-prise, surtout vu son caractère. Elle qui a tant besoin de maîtriser son environnement se sent comme désarçonnée, décontenancée devant le mystère de l'enfantement. Jean Paul II nous dit à ce sujet dans sa lettre apostolique mulieris dignitatem :


« Être parents, même si cela concerne l'un et l'autre, cela se réalise beaucoup plus en la femme, spécialement dans la période prénatale. C'est la femme qui « paie » directement le prix de cet engendrement commun où se consomment littéralement les énergies de son corps et de son âme. Il faut donc que l'homme ait pleinement conscience de contracter une dette particulière envers la femme, dans leur fonction commune de parents. Aucun programme de « parité des droits » des femmes et des hommes n'est valable si cela n'est pas pris en compte d'une manière tout à fait centrale. »[5]


Ici Jean-Paul II évoque la période de la grossesse, mais on peut étendre la réflexion à l'allaitement et, surtout, à l'accouchement. Une maman m'a expliqué une fois qu'il y a toujours un moment pendant l'accouchement où elle est convaincue jusqu'au fond de son être qu'elle va mourir, que c'est comme un passage nécessaire qu'elle doit accepter pour donner la vie. L'épreuve est à ce prix, et l'homme ne peut pas entrer. Il ne peut rejoindre la femme dans son mystère. Il n'en est que le témoin extérieur, impuissant. C’est une dette qui commande le respect et qui ne doit jamais être oubliée par l’homme.


Quand Jean Paul II parle de dette, il nous révèle à nous les hommes une occasion toujours fondée d'admirer nos femmes, au-delà de toutes les amertumes et les rancœurs qui habitent parfois la vie conjugale. Si un devoir de mémoire existe, c'est bien celui-ci car il est une réserve permanente de gratitude, un argument toujours valable pour que l’homme revienne vers sa femme. C’est un bon remède contre l’orgueil et la présomption masculine.[6]


Fabrice Hadjadj en a fait un poème dans son livre la profondeur des sexes :


« Jambes écartées la femme

Se convulse et gémit

Mais cette fois l'homme n'est pas sur elle.

Il se tient à côté

Et lui serre la main.

Jamais l'étreinte ne les rendit si proches

Que cette distance mise entre eux par son fruit.

Jamais le plaisir n'ouvrit à tant de joie

Que cette douleur qui entre eux deux circule.

Ô vraie petite mort

Pour une vraie résurrection.

Extase la plus extrême

Au point qu'un autre en naît. »[7]


Chez Maria Beltrame, aucune grossesse n'a été facile. Après la naissance de leur premier enfant Filippo en 1906, elle s'inquiétera de la venue de Stephania juste un an plus tard, et du chamboulement quotidien que risque de causer l'arrivée d'un deuxième enfant. En plus, Maria aimait aller aux spectacles, passer son temps à la lecture et à s'instruire. Les enfants remettent en question ces diverses habitudes, et grâce à sa foi intense Maria comprend que l'énergie qu'elle souhaitait dépenser autrement doit être en premier lieu à destination de ses enfants. On retrouve ici les grandes qualités de discernement de Maria qui la gouverneront toute sa vie en lui montrant où est son devoir d'état.


L’accouchement de Cesarino en 1909 sera laborieux lui aussi, puis en 1913 Maria tombe enceinte de leur quatrième enfant, Enrichetta. Malheureusement ça ne se passera pas comme prévu…


L’épreuve familiale (1913)

A son quatrième mois de grossesse, Maria est prise de violentes hémorragies. Une maladie grave est diagnostiquée, qui à l’époque condamnait à la fois la mère et l’enfant. Le gynécologue, un professeur renommé, explique aux époux que seule une interruption de grossesse pourrait sauver Maria. Mais Luigi et Maria refusent l’avortement. Ils acceptent la croix qui se propose à eux.


Cette épreuve, le choix que les Beltrame ont posé, les isole. Le médecin, qui est la référence, le pilier dans ce genre de situation, ne les comprend pas. D’ailleurs, qui peut vraiment comprendre leur état d’âme ? Le choix posé ne repose pas sur la logique du monde, si rigoureuse soit-elle. Il repose entièrement sur Dieu. Par cet acte d’abandon, les amarres sont coupées, c’est l’Esprit saint qui guide la famille désormais.


Quatre mois se passent ainsi, et en raison de l’affaiblissement de Maria l’accouchement est déclenché. Enrichetta naît, et elle vivra plus longtemps que tous les membres de sa famille… Maria se rétabli peu à peu. Mais quelque chose a changé. L’épreuve a marqué au fer rouge l’âme du couple. La bannière est choisie : désormais, on ne dépendra que de Dieu. La vie de foi du couple est affermie, et chaque jour ce sera la messe le matin et le chapelet le soir. Le couple prend aussi des temps d’adoration nocturnes, et Maria se fait accompagner par le père franciscain Paoli (qui finit par aider toute la famille).


La purification de l’amour (1918)

En 1918 se déroule un événement apparemment anodin dans la vie du couple, mais qui mérite d’être noté. Cet événement concerne Luigi. Vous avez dû remarquer que quand on parle des Beltrame, on parle surtout de Maria. C’est elle qui semble animer la famille, elle qui a sorti Luigi de son pessimisme, elle qui a vécu l’épreuve à chaque naissance et il semble que conformément à son caractère c’est d’elle que vient le feu spirituel du foyer. Il est donc temps de se pencher sur cet homme, malgré sa discrétion.


En fait ce qui se passe à ce moment-là c’est que le père Paoli encourage Maria toujours plus loin dans le don de soi et dans l’ascèse, au point que cela inquiète Luigi. Son fils expliquera qu’il « a fini par avoir peur de Dieu, comme d’un rival ». C’est une période de découragement où l’unité du couple semble fragilisée.


Concrètement, il est probable que la tension entre Luigi et Maria trouve son origine dans leur vie affective. Il n’est pas impossible qu’à cause du risque qu’impliquerait une nouvelle grossesse pour Maria, et en lien avec la pratique de l’ascèse dans sa vie spirituelle, elle ait imposé à Luigi de pratiquer une continence très rigoureuse. D’ailleurs, quelques années plus tard, le couple choisira la continence totale en faisant chambre à part.


C’est ici l’occasion de parler du combat pour la chasteté chez l’homme. Pour comprendre l’intensité de ce combat, il suffit de penser à saint Benoît qui se jette tout nu dans un buisson d’épines et d’orties, saint François qui plonge lui aussi tout nu dans un massif de ronces, saint Augustin qui hurle à Dieu de le délivrer de sa sensualité, saint Louis qui traine ses pieds nus sur les dalles glacées, jusqu’à Guy de Larigaudie qui dort par terre et prend des douches froides… Vous l’aurez compris, les exemples ne manquent pas.


Le cardinal Raniero Cantalamessa, capucin et prédicateur de la maison pontificale depuis 40 ans évoque ce sujet sans détours dans son livre aimer autrement :


« Crucifier sa propre chair avec ses passions et ses désirs, surtout le désir sexuel entre tous le plus impérieux, n'est pas une plaisanterie, "car la chair convoite contre l'Esprit" (Ga 5, 17). C'est un ennemi intérieur qui nous poursuit sans trêve, de jour comme de nuit, seuls ou en compagnie. Il a un allié très puissant - le monde - qui met à sa disposition toutes ses ressources, toujours prêt à lui donner raison et à défendre ses droits, au nom de la nature, du bon sens, de la bonté fondamentale de toutes choses... c'est vraiment ce champ "où plus quotidienne est la bataille et plus rare la victoire"»[8]


Ce combat typiquement masculin, il est indispensable que la femme en prenne conscience. De la même façon que l’homme se doit, en toute justice, de reconnaitre la dette qu’il contracte envers sa femme lors de la maternité, la femme se doit, en vertu de cette même justice, de reconnaitre le sacrifice tout particulier que la lutte pour la chasteté implique pour son mari. Yves Semen, dans son livre le mariage selon Jean Paul II, décrit clairement cette situation :


« [Les épouses] peuvent plus facilement se passer de l’union des corps que leurs maris. Elles peuvent même voir dans cette abstention une plus grande pureté de leur vie conjugale. Funeste illusion que ne manquera pas d’entretenir [le démon] ! Dangereuse méprise sur la psychologie masculine qui feint d’ignorer qu’un homme a besoin de l’union physique, non pour d’abord libérer ses pulsions sexuelles, mais tout simplement pour dire son amour et être convaincu de l’amour de sa femme. Et pourquoi ne pas le dire simplement : il y a aussi, principalement chez l’homme, les besoins du corps quand l’habitude est prise de l’exercice de la sexualité. Si les maris sont tenus de respecter, au nom de la chasteté, le corps de leurs épouses en se pliant aux exigences du cycle de leur fertilité, n’incombe-t-il pas aussi aux épouses, au nom de cette même chasteté, de respecter les appels du corps de leurs maris en se rendant disponibles lorsque l’union des corps est possible ? »[9]


Yves Semen ne tente pas de renverser la vapeur en disant cela, et de faire en sorte que la femme réponde injustement aux moindres désirs de son mari. Il nous indique simplement à quel point il est illusoire de chercher à mettre à la même enseigne le désir de l’homme et celui de la femme, comme si le désir de l’homme était son problème à gérer de son côté et que, puisque la femme se maitrise en général plus facilement, il n’y a aucune raison que lui n’y parvienne pas.


Cette façon de penser, très répandue aujourd’hui, est foncièrement individualiste. Elle est un mélange d’égoïsme, d’indifférence et d’une espèce d’esprit de compétition agressif que l’on retrouve dans les revendications féministes du style « je m’habille comme je veux », sous-entendu « c’est le problème de l’homme si ça l’excite ». C’est typiquement l’hypocrisie de Caïn face à Dieu : « Suis-je le gardien de mon frère ? ». Nous chrétiens ne pouvons croire que notre liberté s’arrête là où commence celle d’autrui. C’est tout à fait contraire à la charité.


Voilà pourquoi, si le combat pour la chasteté demande à l’homme un immense travail de volonté, il implique aussi pour la femme, et tout spécialement dans le mariage, une très grande délicatesse. Cet art de la chasteté conjugale ne peut se travailler qu’en équipe, et rien ne lui est plus nuisible que la rancœur ou l’amertume, ce moment où chacun rentre en lui-même pour se répéter qu’à la place du conjoint il ne serait pas tombé.


Ingrid d’Ussel propose ainsi avec tact que la femme revête deux tenues de pyjamas, selon que l’union est possible ou non. Une tenue pas très attirante quand ce n’est pas le moment, et une tenue plus aguichante quand l’union devient possible. Plus sérieusement, elle écrit dans son commentaire de l’encyclique Humanae Vitae : « N’oubliez pas que vous serez jugés sur l’amour, sur le don, les dons que vous aurez faits, spécialement dans votre mariage en raison de la voie sanctifiante privilégiée qu’est votre époux ou votre épouse pour vous ! »[10].


Maria Beltrame manifestera une délicatesse de ce genre lorsqu’elle constatera que la mode des maillots de bain sur les plages devenait moins décente : elle proposa alors à la famille de privilégier la campagne à la mer comme lieu de vacances afin de ne pas soumettre les garçons à des tentations inutiles. Forcément, notre réaction première est de dire qu’il s’agit d’une décision excessive. Il arrive que parfois les hommes eux-mêmes soient un peu vexés et s’insurgent devant de telles précautions, affirmant qu’elles sont inutiles. Il y a donc ici aussi un travail de docilité chez l’homme, qui doit reconnaitre sa faiblesse car tout ce qu’une précaution excessive dans ce domaine risque de lui faire perdre c’est un peu d’amour-propre, en fin de compte.


Revenons à nos moutons. Ce n’est pas notre rôle de juger dans quelle mesure la décision du couple Beltrame de vivre la continence permanente était juste à ce moment de leur mariage. Il suffit de savoir que le choix de Maria et de Luigi a été posé dans le cadre d’une direction spirituelle attentive. Toujours est-il que c’est grâce aux encouragements de Maria que Luigi trouve la force de surmonter cette épreuve.


D’une certaine façon, les Beltrame ont reçu la grâce exceptionnelle d’accomplir dès ici-bas ce qui nous attend au paradis : ils se sont ouverts à Dieu au point de ne plus se regarder l’un l’autre mais ils se sont tournés ensemble vers Dieu, se considérant comme « frère et sœur dans le Christ ». Louis et Zélie Martin ont eu la tentation de vivre ainsi, mais sans attendre l’aval de Dieu : pendant un an après le mariage ils ont vécu la continence, jusqu’à ce que leur confesseur leur demande de cesser cet excès et de vivre pleinement le sacrement qu’ils ont reçu. De fait, le mariage ne doit pas être vécu comme la cohabitation de deux célibataires, fussent-ils complètement dévoués au Seigneur. C’est en faisant une seule chair que le couple est à l’image de Dieu. Voilà la vocation conjugale. L’exemple des Martin nous montre ce que la décision des Beltrame avait d’exceptionnel.


L’éclosion familiale (1922-1927)

En 1919, un an après la crise spirituelle de Luigi, celui-ci est exceptionnellement promu vice-avocat d'État, ce qui est une grande marque de reconnaissance par ses supérieurs de la qualité de son travail. À partir de là, il va avoir la responsabilité dans divers ministères de vérifier la qualité des fonctionnaires et de licencier ceux qui assument mal leur charge. C'est une période politique très mouvementée alors en Italie, et la pondération de Luigi, son jugement éclairé par sa foi catholique sont nécessaires pour discerner la justice dans ces circonstances très délicates.


Au cours des années suivantes, Luigi et Maria iront de plus en plus loin dans le don de soi, n’hésitant pas à offrir avec générosité ce qu’ils possèdent, et en premier lieu leurs enfants : Philippo et Cesarino se font bénédictins, et Stefania sera sœur. Chacun de ces départs sera un nouveau déchirement, pour Luigi tout particulièrement. Celui-ci, comme le père du fils prodigue, n’esquive rien des souffrances parfois injustes de la vie, et redouble d’amour.


Plus tard, Luigi est promu secrétaire général du corps des avocats d'état. Il doit établir un recueil analytique de tout le contentieux d'État de 1915 à 1929, travail titanesque mené avec une telle précision qu'il devient la source de référence des spécialistes pour les décennies suivantes.


En 1943, Luigi sera pressenti par le président du Conseil des ministres pour devenir avocat général de l'État. « Personnalité éminente du barreau de l'État, dira un de ses amis, il aurait dû être le premier de tous à en assumer la charge suprême. Une campagne sournoise menée par des membres de ce même barreau, aux tendances laïques et anticléricales, lui fit barrage. Le serviteur de Dieu, pourtant profondément blessé en son for intérieur par l'injustice qu'il venait de subir, n'eut aucune réaction apparente »[11].


Luigi peut être considéré comme un exemple pour ceux qui paient d’une marginalisation professionnelle leur honnêteté et la cohérence d'une vie en accord avec la foi. En 1948, on lui offrira de présenter sa candidature pour un siège au Sénat. D'accord avec Maria, il décline cette offre, car il ne partage pas certaines orientations de ceux qui en sont les auteurs.


On voit bien qu’il ne suffit pas de parler du zèle et de la piété de Maria pour expliquer le rayonnement des Beltrame. Il faut aussi parler du cœur de Luigi, qui s’est laissé travailler malgré sa susceptibilité, malgré son émotivité.


Ainsi finiront Maria et Luigi, tout à Dieu. Lui s’éteindra d’une crise cardiaque en 1951, et elle partira 14 ans plus tard, dans la paix.


La grâce de clairvoyance du couple Beltrame Quattrocchi


Le seul mérite que nous pouvons avoir devant Dieu réside dans notre façon d'exercer les vertus. Pourtant, ces derniers temps, les vertus - comme la morale - sont refoulées, écartées par les hommes et, bizarrement, par les chrétiens. Ça a un côté désuet, vétuste, inutile. On préfère s'intéresser à la psychologie et au développement personnel, bien plus à la mode. L'avantage du développement personnel c'est que ça permet de mettre le désir de chacun au centre, sans trop s'embêter avec la question de la responsabilité. Un beau témoignage d'orgueil en fin de compte...


De fait, ce qui libère l'homme ce n'est pas le développement personnel mais l'exercice des vertus. Nous ne sommes peut-être pas responsables de ce que nous recevons, de ce qui nous arrive, mais nous sommes responsables de ce que nous donnons, de ce qui sort de nous. Nous sommes responsables de faire fructifier nos talents, d'exercer les vertus.


L’abbé de Roeck, qui a écrit un livre sur Maria et Luigi, remarque que ce couple a une grâce spéciale de clairvoyance, autrement dit que les Beltrame ont su exercer les vertus avec discernement. C'est d'ailleurs ce que manifeste Jean Paul II en béatifiant les époux: il reconnait que Luigi et Maria ont exercé les vertus de façon exemplaire, ensemble, dans le mariage.


Les vertus humaines sont, des dispositions stables et fermes à choisir librement le bien tout au long de notre existence. On ne va pas parler de toutes les vertus, il suffira juste d'en nommer quatre qui contiennent en germe toutes les autres : les vertus cardinales de prudence, de justice, de force et de tempérance.


La prudence

Commençons par la prudence. C’est la vertu qui nous permet concrètement de savoir quel est notre bien, et surtout de voir par quels moyens on peut atteindre ce bien. Grâce à la prudence, on est capable d’appliquer la règle morale aux cas particuliers sans se tromper, et sans s’empêtrer dans des cas de conscience stériles. En fait la prudence c’est un peu le sens du timing, d’ailleurs c’est grâce à la prudence qu’on fait usage des autres vertus au bon moment et de la bonne manière.


Les Beltrame nous donnent un très bel exemple de prudence, notamment dans leur attitude vis-à-vis du fascisme. Au départ, ils sont plutôt favorables à ce mouvement parce qu’il représente des valeurs familiales bonnes et solides face à la montée du communisme. Seulement au bout d’un moment ils discernent que le fascisme n’est pas compatible avec l’exigence chrétienne de la charité (surtout avec les lois raciales). Luigi refusera avec courage la carte du parti fasciste malgré ses importantes fonctions, et le couple participera au sauvetage de nombreux juifs pendant la guerre.


C’est donc le refus d’admettre le fascisme comme un mal nécessaire qui dénote le mieux chez les Beltrame la vertu de prudence. Il faut ajouter que tant Maria que Luigi avaient à cœur de s’instruire tout au long de leur vie. Puisque leur culture générale qui était de qualité a éclairé leur jugement, il faut voir dans ce soin de nourrir leur intelligence et de se tenir informé sur le monde la racine de cette vertu de prudence. C’est une première leçon à retenir d’eux je pense.


La justice

La vertu de justice, c'est la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû. C'est la demande du Christ de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. C'est une purification par la raison, parce que la justice nous permet de discerner notre devoir. Paul VI nous dit à ce sujet dans son encyclique humanae vitae : « Un exercice responsable de la paternité implique […] que les conjoints reconnaissent pleinement leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans une juste hiérarchie des valeurs. »[12]. Maria le percevra très bien, elle qui, si autoritaire de nature, n'hésitera pas à déclarer dans un de ses ouvrages que la cohérence éducative dépend du respect par l'épouse de l'autorité de son conjoint.


C'est la vertu de justice qui préserve et maintient l'autorité - que ce soit l'autorité politique à travers le gouvernement, professionnelle à travers le n+1, diocésaine à travers l'évêque, ou familiale à travers le père de famille. On a fait de l'autorité un pouvoir délégué par les gouvernés à leur chef, alors qu'il s'agit en réalité d'une responsabilité donnée par Dieu (et non par les hommes) en vue du bien commun. Ce qui signifie que désobéir à l'autorité est un péché grave si l’on n’est pas capable de prouver concrètement en quoi notre refus d’obéir contribue à l’exigence chrétienne de charité.


L'exemple de vertu de justice que nous donnent les Beltrame est assez édifiant. Comme on l'a vu le couple n'était pas favorable à la politique italienne de l’époque, et pourtant Luigi a toujours eu un vif sentiment de respect pour ses devoirs de citoyen, notamment quand il s'agissait de s'acquitter de l'impôt.


Cela dit, exercer la justice ne signifie pas qu’on peut accuser celui qui pèche. Il suffit de voir la réponse du Christ aux juifs qui accusaient la femme adultère. La justice est une vertu qui me demande d’abord de travailler sur moi-même, non selon une loi extérieure, mais selon la loi d’amour, bien plus exigeante. Il s’agit de comprendre ce que je dois rendre à Dieu et à mon prochain, pas d’exiger ce qui me revient de droit. Mais puisque la dette que nous avons envers Dieu est abyssale, je ne peux pas être quitte face à Lui. La vertu de justice me force donc à implorer sa miséricorde et, en conséquence, à faire preuve de miséricorde envers mon prochain. Poussée à fond, la vertu de justice conduit finalement à sortir du calcul et à entrer dans la gratuité. Le fruit de la justice est donc la paix.


La force

La vertu de force c’est ce qui nous permet de garder le cap dans les difficultés, c’est grâce à la force qu’on maintient avec constance et fermeté la poursuite du bien. Elle affermit notre résolution pour résister aux tentations et surmonter les obstacles dans la vie morale. Avec la force, on est capable de vaincre la peur, même la peur de la mort, et on peut affronter l’épreuve et les persécutions. Elle dispose à aller jusqu’au renoncement et au sacrifice de sa vie pour défendre une juste cause.


Vous l’aurez compris, Luigi et Maria nous ont offert un magnifique exemple de force pendant les quatre derniers mois de la grossesse d’Enrichetta, par leur refus d’avorter. C’est la force qui leur a permis de tenir malgré l’incompréhension de leur entourage. Ici aussi nous pouvons en prendre de la graine : quels sont les lieux dans notre vie de couple où, par peur du ridicule ou par crainte du qu’en dira-t-on, il nous arrive de suivre le mouvement à rebours de nos idéaux, de laisser le monde gagner nos cœurs ?


Attention il ne s’agit pas de prouver quoique ce soit. Ici la discrétion et la sobriété de Luigi vis-à-vis de sa foi dans le monde professionnel est un autre bel exemple de force : il n’était pas démonstratif au travail mais il n’a jamais dérogé à ses idéaux. En fait, la vertu de force n’est pas tellement un muscle destiné au combat, c’est plutôt une conscience très nette de la primauté du spirituel sur le matériel et du royaume des cieux sur le monde. Ça signifie qu’on refuse que cet ordre soit perturbé par un événement ou une pression extérieure. En cela, on voit que la force s’enracine dans l’espérance : c’est la certitude que Dieu est plus fort que la mort qui permet de faire preuve de force. Il s’agit donc plus d’une liberté intérieure tranquille que d’un amas de muscles agressif, de la force de Dieu que de la nôtre.


La tempérance

La tempérance est la vertu qui modère l’attrait des plaisirs et qui permet de maintenir l’équilibre dans l’usage des biens créés. C’est la maîtrise de la volonté sur les instincts. Grâce à la tempérance, on garde nos désirs dans les limites de l’honnêteté. C’est la vertu la moins comprise par le monde d’aujourd’hui, et celle dont il a le plus besoin. A bien y réfléchir, c’est la tempérance qui garde le couple de la concupiscence (qui est le désir orgueilleux d’avoir, de pouvoir et de jouissance), car en maintenant l’équilibre dans l’expression de nos passions, on en préserve l’intégrité pour mieux offrir notre amour à l’autre.


Sans tempérance, notre affection est impulsive, violente, morcelée, agressive. Avec elle, on respecte la liberté de l’autre et on apprend à nourrir notre conjoint d’un amour édifiant et bien plus fécond.


Ici on pense bien sûr au combat pour la chasteté de Luigi, mais on peut tout aussi bien évoquer le combat de Maria pour le lâcher-prise à chaque maternité. Exercer la vertu de tempérance implique de comprendre que le premier ennemi à vaincre c’est le vieil homme qu’on a en nous.


On est tenté d’attribuer à une multitude de causes extérieures nos états d’âmes, notre frustration, etc. La tempérance nous aide à changer de point de vue, à grandir en responsabilité. Il y a toujours un désordre à corriger en nous. Le cardinal Cantalamessa nous dit avec sa lucidité coutumière : « Si nous ne nous contraignons pas à une certaine rigueur, notre vie risque de devenir une vie à l'eau de rose et de nous amener à la dureté du cœur. »[13] Remarquez que c’est quand même pas commun de lier directement le confort avec la méchanceté. Aujourd’hui on aurait plutôt tendance à encourager les gens à prendre soin d’eux pour aller mieux.


Pour finir…

Voilà, en fin de compte, ce que nous apprennent les vertus cardinales pour notre couple : quelles que soient nos frustrations, quelles que soient nos difficultés, le vrai travail à accomplir ne sera pas de changer l’autre mais de se laisser travailler soi-même. C’est l’exemple que nous donne Luigi. Il aurait eu le droit de se rebeller contre la volonté de Maria. Il y avait certainement des choses à dire sur la façon de faire de sa femme. Mais Luigi a compris que pour avancer vers Dieu il fallait d’abord et avant tout se laisser faire, laisser mourir le vieil homme en lui. De l’adoration de sa femme il est passé à l’adoration de Dieu, et la fécondité du couple en a été décuplée.[14]


« La première, la plus radicale forme de soumission est celle de l'homme envers la femme, et de la femme envers l'homme », nous dit le cardinal Cantalamessa[15]. Voilà la grâce du mariage, la source de notre fécondité : par amour pour Dieu, accepter de se soumettre à l’autre.


A travers la maternité pour la femme et la lutte contre l’impureté pour l’homme, nous avons identifié deux moyens pour les époux de s’honorer mutuellement, d’accepter de se soumettre à l’autre en reconnaissant la part mystérieuse et incompréhensible de sa vocation. Quand l’homme fait mémoire des maternités de sa femme, quand il se souvient de sa souffrance et du don de son corps, il choisit d’adorer en quelque sorte le mystère de sa dignité de femme. Quand la femme, de son côté, considère les sacrifices que fait son mari pour grandir en chasteté et les tourments que cette lutte implique, elle choisit de le regarder comme un mystère voulu par Dieu.


Il est très intéressant de constater que ces deux dettes sont de plus en plus niées par le monde. La maternité est parfois vue carrément comme un boulet empêchant la libération de la femme, au point que beaucoup se font une vertu de ne plus enfanter ; et le combat particulier de l’homme pour la chasteté est nié à cause de l’égalité homme/femme. Il faut reconnaitre que la sensualité est à ce point diffuse aujourd’hui que les femmes ne sont pas épargnées par ce combat pour la pureté, mais tant qu’on fait mine d’ignorer que ce combat est structurel chez l’homme et accidentel chez la femme on ne fait qu’exciter la compétition des sexes.


Cet article a commencé avec les paroles suivantes de saint Jean Paul II : « Vous valez ce que vaut votre cœur ». Maria et Luigi Beltrame nous ont montré précisément comment enrichir nos cœurs grâce au sacrement de mariage. Cela demande de l’audace, car il faut briser les conventions pour garder les commandements que Dieu nous donne[16]. Comme le dit Ingrid d’Ussel : « n’ayez donc pas peur d’être procréatifs en pensées, en actes et en vérité : c’est en vous ! »[17]


[1] Jean-Paul II, Message aux jeunes de France, Paris, 1980 [2] Cf Jean Paul II, homélie de béatification des Beltrame Quattrocchi, 21 octobre 2001 [3] Abbé Antoine De Roeck, Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi: Itinéraire spirituel d'un couple, Artège, 15 septembre 2021, p.28 [4] Denis Sonet, Réussir notre couple, Mame-Edifa, 2010. pp.63-64 [5] Jean Paul II, lettre apostolique mulieris dignitatem, Pierre Téqui, 15 août 1988. p.72 [6] L'ecclésiastique nous dit à ce propos (7, 27-28) : "De tout ton cœur honore ton père et n'oublie jamais ce qu'a souffert ta mère. Souviens-toi qu'ils t'ont donné le jour: que leur offriras-tu en échange de ce qu'ils ont fait pour toi?" [7] Fabrice Hadjadj, la profondeur des sexes, éditions du Seuil, 2008. p.167 [8]Raniero Cantalamessa, aimer autrement, éditions des Béatitudes, 2004, p.41 [9] Yves Semen, le mariage selon Jean Paul II, Presses de la Renaissance, 2015, pp. 438-439 [10] Ingrid d’Ussel, Humanae Vitae questionnée par Proust, Via Romana, 2018, p.44 [11] Cf. Attilio Danese et Giulia Paola Di Nicola, Une auréole pour deux, Éditions de l'Emmanuel, 2004. [12] Paul VI, Humanae Vitae, n°10 [13] Raniero Cantalamessa, aimer autrement, éditions des Béatitudes, 2004, p.59 [14] Ici on peut mentionner aussi l’exemple de Cyprien et Daphrose Rugamba, couple mort en martyr lors du génocide au Rwanda, et dont la cause en canonisation est ouverte depuis 2015. Chez eux c’est l’inverse de chez les Beltrame : le rapport de force et les caractères des époux sont bien différents. Cyprien a une très forte personnalité, il a perdu la foi et Daphrose, sa femme, bien plus discrète, prie intensément pour sa conversion. Malgré les tromperies, Daphrose reste fidèle et persévère pendant 17 ans, jusqu’à la conversion de Cyprien. Ici aussi l’on voit que le vrai combat est de porter sa croix, chaque jour, en refusant d’entrer en compétition avec son conjoint ou de ruminer tout ce qu’on aurait mieux fait à sa place. [15] Op. Cit., p.53 [16] Cf Dale Ahlquist, commencement address to the class of 2017 at the Thomas More College of Liberal Arts, 20 mai 2017. [17] Ingrid d’Ussel, Op. Cit. p. 59"

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