Bonjour à tous,
Au début de cette année, nous avons évoqué un sentiment que nous pouvons parfois éprouver dans notre société, celui de l’impuissance face aux décisions politiques. Il est vrai qu’il ne faut pas dramatiser non plus, parce que nous vivons tout de même dans un régime démocratique. Et puis, nous devons nous méfier de ce sentiment d’impuissance parce qu’il peut nous pousser davantage à la démission de nos devoirs de citoyen qu’à l’engagement concret.
J’ai l’impression qu’en tant que catholiques, nous pouvons avoir tendance à nous réfugier dans notre foi, à nous laisser guider par une attitude défensive à l’égard de la société moderne. Il faut bien protéger ce qu’on a peur de perdre. Mais on nous répète suffisamment souvent que la foi – comme l’amour d’ailleurs - est un trésor qui grossit en se donnant, donc on fait des efforts. On participe à des missions d’évangélisation, on s’implique dans des associations, on descend dans la rue parfois.
Seulement il peut arriver que le fait de manifester notre foi en société, n’étant pas habituel, nous amène à commettre des maladresses. Un peu comme un jeune timide affublé d’une tenue étrange qui entre dans une pièce bondée d’adultes et qui bugne dans tous les meubles, on peut avoir du mal à dévoiler notre foi avec simplicité. D’ailleurs le plus souvent ce sont ceux qui affirment qu’ils ne voient pas l’étrangeté de la situation qui manquent le plus de tact.
Je pense que c’est lié à un manque d’exercice, et surtout au fait que nous ne dévoilons généralement notre foi en société que dans un but précis : montrer, afficher quelque chose aux gens pour les persuader. Et si nous prenions l’habitude, au lieu de montrer, de ne pas cacher tout simplement ? Par exemple, de ne pas hésiter à nous promener le chapelet à la main, parce que nous prions le chapelet. De ne pas hésiter à prier le bénédicité, ou même à faire un signe de croix qui soit autre chose qu’une égratignure fugace à l’endroit du cœur, parce qu’on s’apprête à manger. Le but ne serait pas de faire en sorte qu’on nous demande pourquoi nous faisons ça, le but serait de prier Dieu, et si quelqu’un nous questionne et bien on n’évite pas la rencontre, mais la priorité c’est Dieu. D’ailleurs on n’en sera que plus accueillant à l’égard de notre prochain. La profondeur de notre relation à l’autre est à la mesure de notre relation à Dieu.
L’idée serait de vider notre vie de foi en société de son caractère polémique, en ne cantonnant pas notre vie de prière à la maison, mais en n’hésitant pas à prier simplement et explicitement dans des lieux où nous aimons nous rendre. Nous aurons peut-être la surprise de constater la tolérance, voire la bienveillance des personnes anonymes que nous côtoyons chaque jour. Parce qu’au passage, voir des gens prier ça donne envie. Surtout quand ils ne prient pas pour être vus.
Alors bien sûr, dans l’évangile Jésus semble nous exhorter au contraire. Il nous demande de nous cacher dans notre chambre pour prier. Mais à l’époque de Jésus, on se faisait une gloire mondaine de prier en public. Ce serait plutôt l’inverse aujourd’hui. Et puis le Seigneur nous dit aussi dans l’évangile de Matthieu (5, 14-16) : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » Il faut donc être attentif - sans entrer non plus dans le scrupule - pour discerner quand le fait de prier pourra être assumé dans la simplicité plutôt que dans l’orgueil, afin d’éprouver la légitimité de notre réticence habituelle. Face à Dieu, peu de choses pèsent réellement.
L’option GKC est née à partir de la conférence de Dale Ahlquist. « Cassez les conventions, gardez les commandements ». Découvrons combien notre vie de foi est naturelle, combien elle ne doit pas se laisser à la maison ou à l’église. Nous n’avons pas à en rougir, pas plus que nous n’avons à en agresser notre prochain. La foi au quotidien est bien plus souvent un motif de douceur et de lien avec l’autre que de violence et de jugement. Toutes ces façons de penser qui nous disent le contraire, qui aimeraient garder la foi dans le domaine privé constituent une pression constante, et nécessitent de notre part un effort permanent pour prendre du recul afin de considérer le vrai bien. Aujourd’hui, j’ai l’impression que plusieurs mouvements de réflexion visant à dénoncer ces « conditionnements intellectuels » apparaissent. Une nouvelle génération de chrétiens en quête de la Vérité se dresse.
A titre d’exemple, je veux citer ici la revue Nicodème, projet mené par les jeunes de Lille et qui rassemble plusieurs écrivains, dessinateurs, journalistes et poètes en devenir en leur donnant l’opportunité d’agir concrètement à travers la publication d’une revue. Je me permets de parler de ce projet parce que je parle en connaissance de cause : j’ai moi-même bénéficié de l’accompagnement et des encouragements des deux fondateurs de la revue, Gatien et François. De chics types. La revue sort prochainement, vous vous en ferez une idée en cliquant ici. Bien d’autres initiatives fleurissent autour de nous dans ce domaine, telles que la revue Limite, et cætera.
J’avais prévu de vous parler d’autre chose, en lien avec ce thème de l’attitude des catholiques en société et de l’action « politique ». Ça justifiait le fait que je vous parle de tout ça dans un « point d’actu », mais je me rends compte que là c’est déjà bien. Et puis, qu’y a-t-il de plus actuel que notre vie de foi ? C’est le carême, tout de même!
Bonne semaine à tous !
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