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La poule aux œufs d'or (nucléaire et subsidiarité, 2 sur 2)

Bonjour !


Aujourd’hui, je vous propose de poursuivre la discussion sur le nucléaire, entamée avec cet article. Mais avant de commencer, je voulais remercier les lecteurs qui m’ont écrit suite aux derniers articles. Votre opinion est précieuse, j’en ai besoin pour savoir de quel côté creuser sur tel ou tel sujet. Vos encouragements me revigorent et vos critiques me guident. N’hésitez donc pas à rouspéter si quelque chose vous titille ! Je ne garantis pas que mes propos feront systématiquement l’unanimité -je serais bien déçu si c’était le cas- mais j’espère qu’ensemble nous parviendrons à déterrer les questions qui fâchent pour faire avancer le schmilblick. Et partager des trésors.


Parfois certains lecteurs me demandent comment je choisis mes sujets. On ne va pas se cacher que les articles de ce blog forment un ensemble plutôt hétéroclite… Ce qui rassemble ces articles, c’est la passion du réel. Au-delà des conventions sociales, de tout ce qui encombre notre quotidien, il y a cette irréductible réalité qui reste, quoiqu’il arrive, fidèle à elle-même. Et je suis persuadé que notre salut viendra de cette réalité, que notre premier devoir est de ne pas la lâcher. Beaucoup de nos contemporains cherchent cette réalité, beaucoup se perdent et doutent même de son existence. Il faut dire que nos repères naturels n’ont jamais été autant brouillés sur le plan économique, énergétique, politique, social, familial…


En tant que chrétiens, nous avons reçu au milieu de ce bazar l’inestimable trésor de la foi, cette pierre de fondation inébranlable sur laquelle Dieu a inscrit la réalité par l’incarnation de son Fils, par sa Passion et par sa Résurrection. A travers les siècles, l’Eglise catholique a cultivé ce trésor. Aujourd’hui, nous savons que ce trésor est le repère sur lequel s'appuient tous les autres, voilà pourquoi nous ne craignons pas d’accueillir la réalité moderne dans sa plénitude avec tous ses paradoxes et ses contradictions, car nous savons que la mesure, la juste mesure, ne se trouve jamais ailleurs qu’en Dieu, et c’est de Lui seul que nous pouvons recevoir notre pain.


Il arrive que face à un monde aussi tourmenté, aussi excessif, certaines personnes se disent que la réalité est une recherche obsolète. Pourquoi s’intéresser aux fondations quand on vit à une telle altitude? La richesse de notre pays semble nous dispenser d’un labeur aussi fastidieux. Parfois ce raisonnement se nourrit d’un certain défaitisme : le monde s’emballe et les forces en présences sont démesurées, rien ne pourrait les arrêter - alors autant ne pas s’en préoccuper, ce serait peine perdue.


Mais il ne s’agit pas du monde. Il s’agit de vous et moi. Il s’agit de notre vocation, de ce pour quoi nous avons été créés. A priori nous n’avons pas été créés à l’image d’un mouton, nous n’avons pas été créés pour suivre le mouvement. Quoiqu’on prétende, nous avons soif. Nous avons soif de cette réalité, nous avons soif de cette liberté. « O mon âme, tu es capable de Dieu, malheur à toi si tu te contentes de moins que de Dieu! » Disait François de Sales. Ça vaut le coup de se retrousser les manches…


Reprenons. Nous parlions donc de la production d’électricité nucléaire en France, de cette situation étrange et cocasse où la peur du risque affronte l’appât du gain. Je vous propose aujourd’hui de zoomer un peu plus sur le fonctionnement de l’entreprise qui abrite cette poule aux œufs d’or. Si je vous propose de discuter de tout ça, c’est parce que j’ai moi-même été fourrer mon nez dans une centrale nucléaire il y a quelques années, et ce que j’y ai vu m’a interpellé. Le rapport que j’ai rendu sur les dysfonctionnements ayant été classé confidentiel je n’ai en principe pas le droit d’en parler, mais il se trouve que j’ai déniché quelques rapports et articles autour de la question sur le net[1]. Ces sources résument plutôt bien la situation, et puisqu’elles sont en accès libre on peut aborder le sujet sans problème.


Commençons par un événement, relaté par l’Observatoire des multinationales[2]. « Le 31 mars 2016, aux alentours de 13 heures, un vacarme assourdissant retentit à l’intérieur de la tranche 2 de la centrale nucléaire de Paluel, située en Normandie, entre Dieppe et Le Havre. « Nous n’avions jamais entendu ça, rapportent des salariés présents ce jour-là. On a senti une forte secousse. C’était impressionnant. » Après quelques instants de confusion, ils finissent par comprendre que le générateur de vapeur, qui est en train d’être retiré du bâtiment réacteur et remplacé par un neuf, vient de s’effondrer. Ce cylindre en acier de 22 mètres – l’équivalent de deux autobus alignés – pèse 465 tonnes. »


Comment expliquer un événement aussi extraordinaire ? Il faut savoir qu’un générateur de vapeur se situe au sein de l’enceinte du réacteur, qui constitue la troisième et dernière barrière de protection de la centrale nucléaire contre une fuite de radioactivité. C’est donc une zone plutôt sensible au niveau de la sûreté, au sein de laquelle les opérations sont censées être particulièrement surveillées. Or, en l’occurrence, le fait que les dommages liés à l’accident aient pu être contenus n’est qu’une question de chance. Comment est-ce possible ?


Pour comprendre un peu mieux la situation, il faut remonter au début des années 2000. En raison de pressions à l’échelle européenne pour la libéralisation du marché des énergies, la privatisation partielle d’EDF est annoncée (elle aura lieu en 2004). Dès 1999, on constate au sein du groupe une nouvelle politique introduite avec le plan « phares et balises », qui vise à réduire les coûts de fonctionnement du parc nucléaire pour séduire au maximum les futurs actionnaires.


Certains salariés se souviennent de petites anecdotes cocasses, telles que l’épaisseur du papier hygiénique qui a été réduite à cette occasion. Ceci étant, des mesures plus graves ont été prises, notamment le recours massif à la sous-traitance. A ce sujet, les enquêteurs de la commission d’enquête demandée suite à la chute du générateur de vapeur expliquent aux députés de l’assemblée nationale :


« À force de « céder » et d’aller vers le « faire faire », EDF a progressivement délaissé le terrain des compétences concrètes et placé ses agents de surveillance dans une situation de relatif déficit de compétences. Il nous est ainsi parfois arrivé de rencontrer des personnels d’EDF chargés de surveillance qui devaient se former chez le prestataire pour acquérir les compétences dont ils avaient besoin pour surveiller ce dernier.


« Vous imaginez la position d’un agent chargé de la surveillance d’un prestataire, quelques semaines après avoir été formé par ce dernier qui lui aura tout appris du métier. Non seulement cela place les agents dans des situations délicates, mais cela amène évidemment à s’interroger sur le niveau de la surveillance. »[3]


Les enquêteurs, plus loin dans leur rapport, remarquent :


« Chaque sous-traitant – et EDF en tant que donneur d’ordres – se place dans une logique de protection juridique, une logique de parapluie, qui induit qu’il n’exécute que ce qui est formellement prévu dans le contrat. Ainsi, il n’était pas prévu que les modes opératoires soient communiqués ; ils ne l’ont pas été.


« Cette formalisation juridique un peu extrême de la sous-traitance crée des prés carrés et, en définitive, le maître d’ouvrage perd en quelque sorte sa capacité à être vraiment donneur d’ordres. Il est difficile de l’affirmer de manière générale, mais, dans certaines situations, on peut véritablement se poser la question. »[4]


C’est comme si la mise en bourse d’EDF avait contraint le groupe à réduire ses perspectives à court terme, un peu comme un athlète qui, pour remporter une victoire, se détruit la santé avec des stéroïdes. L’échange ci-dessous est particulièrement révélateur :


« Mme Barbara Pompili, rapporteure. Vous indiquez, à la page 90 de votre rapport, que les prochains remplacements de GV [Générateur de Vapeur, ndlr] sont annoncés à 77 jours alors que, selon les salariés, « on sait très bien qu’on va en mettre au moins 90 ». Cela signifie-t-il que les référentiels temps ne sont pas réalisés correctement, que l’on sous-estime délibérément le temps nécessaire à l’opération? En tout cas, manifestement, le délai prévu pour un remplacement n’est pas adapté à la réalité, ce qui pose des problèmes de sûreté. Il existe des référentiels très précis pour chaque élément et il n’y aurait pas de référentiels temps ?


« M. Nicolas Spire. Ils existent. Ce que nous avons mentionné là, c’est ce que nous ont dit les salariés des difficultés liées aux opérations de remplacement de GV : la contrainte de temps s’impose de façon telle que les équipes, composées de cadres supérieurs ou dirigeants, qui programment et coordonnent les projets, définissent des calendriers idéaux en prévoyant des temps de réalisation des opérations conformes à ce que les données théoriques leur permettent de concevoir. Votre question est intéressante, car c’est quelque chose que l’on constate dans la programmation des arrêts de tranche[5]. Ce n’est pas nous qui le disons : cela figure, régulièrement, par exemple, dans les rapports de la Cour des comptes. Mais nous, nous le constatons sur le terrain. Lorsqu’un agent EDF – cela vaut presque depuis le début des années 2000 – vous parle de l’arrêt de tranche à venir, il vous dit que la direction prévoit 28 jours. Or, au cours d’un entretien avec un chaudronnier ou un mécanicien, celui-ci me dira que tous savent que 28 jours, cela ne tiendra pas car, pour la seule mécanique, au moins 35 jours sont nécessaires. Immanquablement, donc, le calendrier déborde. L’équipe de l’arrêt de tranche – les agents d’EDF comme les prestataires – sont ainsi soumis à une pression extraordinaire pour dépasser le moins possible un calendrier qui a été décidé ailleurs et qui, souvent, n’est pas respecté.


« Ces situations-là se sont produites à partir du moment où l’entreprise s’est beaucoup transformée, c’est-à-dire au début des années 2000. La contrainte financière est devenue une contrainte de temps sur le terrain. En outre, au moment où EDF est entrée en bourse, un plan de réduction drastique des effectifs a été décidé qui s’est traduit, sur le terrain, par des déficits de compétences dans différents types de métiers. Le projet intitulé « Phares et balises », à l’époque, consistait à ne conserver que quelques « phares » ou « balises » ou « lumières » sur tel ou tel métier, mais ne s’inscrivait plus dans une logique de maîtrise des différents métiers. Dès lors, on s’est trouvé dans des situations où l’on ne maîtrisait plus véritablement ni le mode de déroulement des opérations ni la contrainte de temps que l’on s’efforçait d’imposer. Les choses ont un peu progressé depuis, car EDF s’est rendu compte de ces difficultés, essentiellement à cause de l’importante dégradation du coefficient de disponibilité des tranches nucléaires à la fin des années 2000 et au début des années 2010. Ils se sont donc efforcés de redresser un peu la barre, mais la situation reste celle-là aujourd’hui : on est habitué, sur les sites, à ce que les calendriers fixés en haut soient très largement dépassés en raison des réalités du terrain. »[6]


Voilà, j’espère que ce passage n’a pas été trop indigeste mais il me semblait important de le mettre en entier. Selon l’expert qui s’exprime, la politique de réduction des coûts en lien avec la privatisation d’EDF a entraîné un éloignement du terrain - les enquêteurs parlent plus loin d’« éclatement » de l’entreprise -, et il est très intéressant de noter que les calendriers et les décisions sont prises à un niveau stratosphérique, bien loin du réel que rencontrent les opérateurs. L’ouverture de la France à l’économie de marché sur le plan énergétique a eu pour conséquence le déracinement d’EDF.


La Tour du Pin, dans son livre Vers un ordre social chrétien, nous avait prévenus : le libéralisme affecte systématiquement la qualité de production en exerçant sur l’activité une pression temporelle sans borne, celle du rendement maximal. Et ce même lorsque l’activité en question est particulièrement sensible, comme dans le nucléaire[7].


Au milieu de ces déformations organisationnelles invraisemblables, un élément me parait remarquable : parmi les dix-neuf sites nucléaires français, ceux qui ont le mieux supporté la décennie 2000 sont ceux dont le directeur de site a refusé de suivre sans discuter les directives nationales du plan « phares et balises ». En revanche, les centrales qui ont été les meilleures élèves, celles dont le directeur a appliqué sans vergogne - et parfois même avec zèle - les injonctions du siège se sont trouvées rapidement en grande difficulté. Par exemple, la centrale de Belleville sur Loire a été mise sous surveillance renforcée par l’ASN il y a quelques années en raison de la dégradation de son niveau de sûreté, dégradation interprétée comme un manque de coopération entre les services. Je vous laisse juger de l’ironie de la situation : les opérateurs se font taper sur les doigts parce qu’ils ne font pas ce qu’on les empêche de faire.


Allons encore un peu plus loin. Ce déracinement, cet éclatement organisationnel, c’est ni plus ni moins une artificialisation, la transformation d’un organisme vivant en une structure automatisée. Selon les experts, cette évolution n’est pas spécifique à EDF mais concerne aussi d’autres grandes entreprises, comme par exemple la SNCF (d’ailleurs le cas de Deepwater Horizon montre que le problème est international). A l’université, un de nos professeurs nous expliquait avec des étoiles plein les yeux que l’entreprise du futur serait constituée d’un centre de décision coordonnant une multitude d’entreprises sous-traitantes. C’était, selon ce professeur, un modèle de souplesse et d’adaptation. Manifestement, la réalité n’est pas si rose…


Dans le contexte d’une économie libérale, il semble donc y avoir une espèce de refus du vivant (appelé « facteur humain ») qui se perçoit par la volonté de traduire la réalité en données quantitatives, afin que celles-ci puissent être consultées et faire l’objet de décisions à distance du terrain. Lorsque certains directeurs se sont dressés contre les directives nationales jugées délétères, ils ont ramené une partie du niveau de décision à l’échelle locale, ils ont choisi de ne pas perdre de vue le terrain.


D’aucuns pourraient dire, un peu comme mon professeur, que le langage des données est un langage universel, que la normalisation des procédures à l’échelle nationale est un garde-fou contre les erreurs ou les excès locaux, et donc que cette gestion est souhaitable. Vous remarquerez d’ailleurs qu’il y a là un mécanisme assez similaire à celui de la libre-pensée : fonder sa réflexion sur le refus des limites inhérentes à la réalité locale, se concentrer sur la théorie sans se préoccuper de la juste mesure, la mesure humaine. Or, comme on a pu le voir avec Augustin Cochin, la période de l’histoire où les théoriciens de la libre-pensée ont cherché à appliquer leurs élucubrations dans le réel s’appelle la Terreur, ce déchainement invraisemblable de l'homme contre l’homme.


L’absence de régulation, l’absence de mesure dans n’importe quel domaine semble systématiquement aboutir à ce genre de résultat : la destruction de l’homme, l’agression de sa dignité, comme si la recherche de liberté ne pouvait être féconde que lorsqu’elle vient après la recherche du Bien. Voici à ce sujet un extrait de l’Instruction de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, du cardinal Ratzinger :


« Le commandement suprême de l’amour conduit à la pleine reconnaissance de la dignité de chaque homme, créé à l’image de Dieu. De cette dignité découlent des droits et des devoirs naturels. A la lumière de l’image de Dieu, la liberté, prérogative essentielle de la personne humaine, est manifestée dans toute sa profondeur. Les personnes sont les sujets actifs et responsables de la vie sociale. Au fondement, qui est la dignité de l’homme, sont intimement liés le principe de solidarité et le principe de subsidiarité.

« En vertu du premier, l’homme doit contribuer avec ses semblables au bien commun de la société, à tous ses niveaux. Par là, la doctrine de l’Église est opposée à toutes les formes de l’individualisme social ou politique.

« En vertu du second, ni l’État ni aucune société ne doivent jamais se substituer à l’initiative et à la responsabilité des personnes et des communautés intermédiaires au niveau où elles peuvent agir, ni détruire l’espace nécessaire à leur liberté. Par là, la doctrine sociale de l’Église s’oppose à toutes les formes de collectivisme. »[8]


Pour ceux qui s’en rappellent, cela fait écho à l’article souveraineté et immigration , dans lequel nous comparions la vision positiviste de Charles Maurras à la vision chrétienne de La Tour du Pin. Que ce soit pour des organisations ou pour des institutions politiques, lorsque l’on ne cherche pas à construire par la base à partir d’une nécessité de terrain, on se perd. Et surtout, lorsque le développement de cette organisation ou de cette institution cesse d’être l’initiative des hommes qui, confrontés au terrain, comprennent la nécessité de se développer dans un sens ou dans un autre, l’entreprise tout entière est compromise.


La subsidiarité, c’est le mortier de la nécessité entre chaque strate d’une communauté d’hommes, c’est ce qui permet la répartition harmonieuse et continue de la responsabilité du dirigeant jusqu’à l’opérateur en entreprise. Lorsque certains directeurs ont refusé de suivre les directives nationales d’EDF, ils ont gardé la responsabilité de leur charge, et ce en dépit de la pression hiérarchique.


Souvent, la subsidiarité est mise à toutes les sauces (surtout du côté de l’union européenne). Des gredins sont même allés jusqu’à distinguer subsidiarité « ascendante » et « descendante », ce qui est un contresens magistral. La subsidiarité véritable ne peut s’exercer qu’à l’égard des subalternes : cet instant où l’autorité légitime s’abaisse, sans autre motif que la charité, pour déléguer une partie de ses pouvoirs à ceux dont il a la responsabilité.


Le meilleur exemple de subsidiarité est celle des parents envers leurs enfants. En effet, tout l’enjeu de l’éducation est de donner progressivement à l’enfant les responsabilités qui lui incombent selon ses capacités. Ce n’est ni tout à fait en fonction de ce que veut le parent, ni en fonction de ce que demande l’enfant, c’est un exercice permanent de communion où l’adulte discerne le bien de ceux dont il a la responsabilité – et où l’enfant apprend à solliciter ces responsabilités qui le feront grandir en liberté.


On aimerait parfois que la communion soit une simple question de solidarité, d’égalité entre tous. Comme le dit le cardinal Ratzinger en 1986, la solidarité est la première pierre dans la recherche du bien commun. Mais c’est précisément la réflexion autour de ce bien commun qui pousse l’homme à comprendre la nécessité d’une asymétrie dans les responsabilités communautaires, dans la société, dans l’entreprise, et dans la famille (asymétrie qui, bien sûr, ne remet jamais en question l’égalité absolue en dignité de tous les hommes). La charité passe forcément par l’acceptation de cette différence, et son exercice entre les hommes qui ont des responsabilités différentes s’appelle la subsidiarité.


L’exemple de EDF nous montre à quel point cette subsidiarité est vitale, non seulement pour préserver la fécondité de l’œuvre commune mais aussi et surtout pour édifier l’homme. EDF est une entreprise gigantesque, et il peut sembler illusoire de se dire que l’on peut agir sur un système aussi colossal. Pourtant, on a vu que l’attitude de certains directeurs a permis de protéger plusieurs sites de production et un grand nombre de salariés. Ne perdons donc pas espoir face à certaines injustices, car il y a toujours quelque chose à faire aujourd’hui, à notre place. N’attendons pas que nos supérieurs exercent mieux la subsidiarité à notre égard, mais exerçons-là envers ceux dont nous avons la charge, à commencer par nos enfants.


Lisez, méditez, agissez, et bonne semaine!

[1] Notamment l’article Sûreté nucléaire : des techniciens d’EDF s’inquiètent, paru le 25 janvier 2018 sur l’Observatoire des multinationales et consultable ici, et le rapport de la Commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires du jeudi 14 juin 2018, en pièce jointe ci-dessous. [2] Article du 4 décembre 2017, par Nolwenn Weiler disponible ici. [3] Intervention de Nicolas Spire au cours du rapport à l’assemblée nationale de la Commission d’enquête citée plus haut, pp. 7 et 8 (l’italique est de bibi) [4] Intervention de Vincent Lemaître au cours du rapport à l’assemblée nationale de la Commission d’enquête citée plus haut, p. 16 [5] La tranche c’est le réacteur nucléaire. Un arrêt de tranche est un arrêt périodique du réacteur pour rechargement et maintenance. [6] Rapport à l’assemblée nationale de la Commission d’enquête, op. cit., p.16 (l’italique est de bibi) [7] Pour vous donner un ordre d’idées, un jour d’arrêt d’un réacteur nucléaire de 1300 MW faisait en 2018 perdre au groupe 1 millions d’euros. Si le sujet vous intéresse et que vous n’avez pas la force de parcourir le rapport d’enquête en pièce jointe, je vous conseille le film Deepwater, de Peter Berg, qui relate le plus grand désastre écologique survenu aux Etats-Unis : l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, le 20 avril 2010. Ce docufiction montre bien comment la recherche du rendement maximal compromet la qualité (et la sûreté) de l’activité. [8] Cardinal Ratzinger, Instruction de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (consacré aux principes fondamentaux de la doctrine sociale de l’Eglise), 1986, Chapitre V (§ 73)



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