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Les Aventures du dernier Abencerage

Bonjour!


Aujourd'hui, notre ami Paul nous partage une découverte littéraire. Merci à lui!

Je vous propose de commencer la semaine en lisant l’auteur qui a su le mieux manier la langue française. C’est bien sûr Chateaubriand, l’Enchanteur.


De ce cher François René on connait surtout les Mémoires d’Outre-Tombe, qui est, comme le disait d’Ormesson, un « chef-d’oeuvre absolu ». Mais je voudrais vous inviter à découvrir un de ses romans moins connus. Vous avez peut-être déjà lu René ou Atala au cours de votre scolarité.


Certes, l’importance de ces deux romans a été décisive pour donner le coup d’envoi du romantisme en France, la langue aussi y est délicieuse, mais ses personnages stéréotypés à l’excès paraissent bien pauvres par rapport aux personnages historiques aux dimensions épiques que l’auteur décrit dans ses Mémoires. Et puis c’est quand même un peu de la littérature déprimante.


Mais il y a un troisième court roman de Chateaubriand (si court qu’on appellerait sans doute ça aujourd’hui une nouvelle), Les Aventures du dernier Abencerage. Et je ne regrette pas d’avoir poussé la curiosité jusque-là, il est beaucoup plus plaisant à lire que les deux œuvres sus-citées.


Je vous rassure, tout finit mal quand même, on est bien dans de la littérature romantique. On y voit des grands personnages qui rivalisent d’honneur et de noblesse, des amoureux transis dont l’amour est impossible, et des hommes prêts à tout pour être fidèles à leurs serments, le tout dans une Espagne récemment reconquise au début du XVIe siècle.


Voici l’ouverture de l’œuvre. C’est un passage que ma grand-mère me racontait sans savoir que ça venait de ce livre :


« Lorsque Boabdil, dernier roi de Grenade, fut obligé d'abandonner le royaume de ses pères, il s'arrêta au sommet du mont Padul. De ce lieu élevé on découvrait la mer où l'infortuné monarque allait s'embarquer pour l'Afrique ; on apercevait aussi Grenade, la Véga et le Xénil, au bord duquel s'élevaient les tentes de Ferdinand et d'Isabelle. A la vue de ce beau pays et des cyprès qui marquaient encore çà et là les tombeaux des musulmans, Boabdil se prit à verser des larmes. La sultane Aïxa, sa mère, qui l'accompagnait dans son exil avec les grands qui composaient jadis sa cour, lui dit : " Pleure maintenant comme une femme un royaume que tu n'as pas su défendre comme un homme ! " Ils descendirent de la montagne, et Grenade disparut à leurs yeux pour toujours. »

Ou encore plus tard dans le livre quand don Carlos veut provoquer le dernier Abencérage, Aben-Hamet, en duel :

« "Je le veux bien, répondit Aben-Hamet ; mais, né d'une race qui peut-être a combattu la tienne, je ne suis pourtant point chevalier. Je ne vois ici personne pour me conférer l'ordre qui te permettra de te mesurer avec moi sans descendre de ton rang." Don Carlos, frappé de la réflexion du Maure, le regarda avec un mélange d'admiration et de fureur. Puis tout à coup : "C'est moi qui t'armerai chevalier ! tu en es digne." Aben-Hamet fléchit le genou devant don Carlos, qui lui donne l'accolade en lui frappant trois fois l'épaule du plat de son épée ; ensuite don Carlos lui ceint cette même épée que l'Abencerage va peut-être lui plonger dans la poitrine : tel était l'antique honneur. »


Alors si vous voulez vous laisser enchanter par notre cher Chateaubriand en goûtant sa langue exquise le temps de quelques pages, précipitez-vous sur Le Dernier Abencerage, il se trouve en ligne ici.


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